Introduction

Mes précieuses orthèses ridicules

Il s'agit des "beaux gens", des gens de magazines, des covers girls et de nos canons de beauté, de ceux à qui l'on souhaite secrètement ressembler...jusqu'a un certain point. Oui mais pourquoi?

L’absurde et le laid sont ; tout en étant subjectif ; parmi les combles de la beauté, ils mettent en avant ce que l’on n’aimerait pas voir, ce qui nous semble déplacé, inesthétique ou bien malsain. La maladie, le handicap font partie de ces sujets tabous, et leurs produits dérivés également. Les prothèses et orthèses de toutes sortes reflètent assez bien leurs qualités et utilités premières, réparatrices, prolongatrices de vie, réductrices de souffrances souvent physiques.

Mais la fascination que peut exercer la maladie et la mort nous met à un pas d'une autre utilité, d'un détournement de ce matériel médical, la beauté, la mode, ce qu'il faut avoir pour être beau ou belle, ce qu’il faut être aussi. Au même titre que la chirurgie esthétique est plus couramment utilisée pour s'ajuster à des critères de beauté qu’à réparer de réels problèmes. Le meilleur exemples de prothèses de beauté est le corsage des femmes au cours du temps, serré jusqu'au malaise pour avoir les hanches présentes et la taille fine, maintenue par des barres de bois ou de métal afin que la démarche soit digne. Les talons hauts, au même titre que les anneaux dorés des femmes girafe en font partis, mais la mode n’a pas encore poussé les femmes occidentales à porter des minerves pour être aux normes, pour être belle aux yeux du monde (ce n’est qu’une question de temps). Ces prothèses de beauté, ces accessoires pour la norme sont nombreux et varies selon les sociétés, les époques et le sexe de ceux qui les portent.

Et c’est aussi ce qui différencie une mode et un phénomène de société ou d’une culture propre à un pays ou une ethnie; le nombre et la différence des classes touchées. Cependant, et bien que les hommes n’en soit pas totalement dépourvu, ce sont le plus souvent les femmes qui en use, en abusent, et portent ce qui peuvent être les plus encombrants, les plus inconfortables accessoires de beauté. De lointains instincts poussent il le beau sexe à de belles parures ? 

Les créations d’Alexander McQueen sont un bon exemple. Ses corsages par exemples qui mêlent des matériaux plus ou moins modernes tel que le métal ou le cuir pour former les corps et des démarches singulières, s’inspirant de coutumes ethniques et culturelles plus différentes les unes des autres.

A la manière du corset ou des talons hauts, elles donnent donc l’allure, le mouvement. Elles forcent  le corps vers une posture qui n’est pas forcement des plus naturelles, mais qui finalement pourrait être commune. Elles continuent également à rapprocher le corps de la machine, ou du moins de la matière machinique.

Dans un premier temps, je cherche à déterminer la possibilité de mouvements, ou de non mouvement, de contraintes qui peut être mis en valeurs par le port de ces orthèses. Il s’agit d’embellir et de rendre presque commun ces mouvements, ces postures qui ne nous sont pas naturels, tout en arborant ces accessoires de beauté. En tant qu’accessoires de beauté, les matériaux et le design de ces sculptures bijou se doivent de correspondre à l’idée de ceux pour qui elles sont faites. Masculin ou féminin, ustensiles massifs ou aériens, bijoux luxueux ou simples.  C’est la première étape de ce travail.
Ces sculptures bijoux doivent êtres portées, par des modèles, choisis afin de correspondre à l’idée même de ces bijoux, avec pourtant des différences très présentes. Jeunes femmes « fashions », jeunes hommes à l’androgynie désormais commune, femmes du monde arborant ses plus belles parures.
Un travail de photographie avec ces modèles viendra finaliser la première étape de ce travail. Photographies de mode, photographies de magazine ou cover girls, car c’est ce qu’elles se doivent d’être.

C'est dans cette idée que je m’emploi à créer de "précieuses prothèses ridicules", modèles uniques, luxueuses et modernes tant par leurs formes que par les matériaux employés. Chacune d'entre elles est un accessoire de mode, ustensile de beauté, indispensable aux femmes du monde et aux goldens boys. Elles leurs donnent l'allure et la façon d'être; non seulement aujourd’hui, mais plus encore demain.